Un musée pour cols blancs
Veinards collaborateurs de la Société Générale : depuis vingt ans, la banque constitue une collection d’art contemporain pour eux.



La Défense, paysage austère ? Loin de là : derrière les façades en verre des tours de la Société générale, se déploie, tout en couleur, en matière et en mouvement, une prestigieuse collection d’art contemporain d’entreprise.
À l’intérieur du hall d’accueil, la sculpture rouge vertigineuse qui domine le hall apparaît soudain comme la colonne vertébrale d’une structure humaine : ce flot de personnes venant chaque jour travailler là. C’est précisément pour elles, qu’entre deux flux financiers et trois opérations boursières, la banque achète des œuvres, qu’elle répartit à chaque étage, dans les bureaux et les salles de réunion. Même les salles de marché n’échappent pas à l’art, une valeur sûre.
Si les dirigeants successifs de l’établissement siègent au sein du comité d’acquisition, la collection n’est en aucun cas celle d’un président et de ses goûts personnels. Elle reflète, à travers ses 340 œuvres originales et ses 700 lithographies, dessins et estampes, l’histoire et l’évolution de la banque. Depuis 2011, les collaborateurs qui le souhaitent peuvent d’ailleurs participer au choix des œuvres. Ils s’approprient si bien celles-ci que l’un d’entre eux s’est amusé à reproduire en miniature la chaise en lévitation de Philippe Ramette exposée dans un couloir et de la placer à côté de l’original.
« Posséder des œuvres, c’est bien. Mais il faut les partager. » Aurélie Deplus, responsable du mécénat artistique de la Société générale

Pecou Fahamu : Pecou Fahamu, Negus is as Negus does
À l’heure où elle célèbre son vingtième anniversaire, la collection de la Société Générale se veut plus que jamais ouverte, sous l’impulsion d’Aurélie Deplus, responsable du mécénat artistique : « L’idée est de s’ancrer davantage sur les territoires géographiques et humains de la banque, d’avoir une dimension plus internationale et de travailler plus en partenariat avec les artistes ou les institutions culturelles. »
Le nouvel accrochage qu’elle a confié à Koyo Kouoh, directrice d’un centre d’art de Dakar, illustre cette dynamique. « (Dé)placements » a pour fil conducteur « les mouvements physiques et bancaires, la circulation des idées et la furtivité du regard », explique la commissaire d’exposition. La scénographie souligne « le rapport du regardeur à l’œuvre », le temps qu’il lui consacre et les réactions qu’elle suscite en lui, dans un espace qui n’est pas par nature artistique. Elle met aussi en avant le mouvement même de l’œuvre par la présence d’œuvres cinétiques.

Aurélie Deplus, responsable du mécénat artistique de la Société générale
L’échange est un moteur cher à Aurélie Deplus, qui multiplie les initiatives, notamment envers les jeunes. « C’est rafraîchissant de travailler avec eux », confirme-t-elle. Elle soutient les jeunes artistes, met en place des partenariats avec les universités et les écoles, et organise des ateliers pour les enfants des collaborateurs.
Interactive et vivante, la collection est ancrée dans son époque. Son réseau social interne compte environ 1 200 membres qui communiquent activement. Et depuis juin 2014, elle est ouverte au public.
La collection de la Société générale
Les visites guidées des expositions temporaires de la collection sont gratuites.
Les visites guidées des expositions temporaires de la collection sont gratuites.

Marc RIBOUD "Huang Shan, Chine, 1983

Zilvinas Kempinas "Columns", 2006

Olivier Mosset, Violet-Blue