Exilés fiscaux et glamourissimes
Il y a 40 ans, Dominique Tarlé immortalisait les Rolling Stones dans une grande villa sur la Côte d’Azur.






Keith Richards dépenaillé s’allumant une clope, ou grattouillant sa guitare sous le regard de Mick Jagger, Bianca alanguie sur un canapé. Ils sont beaux, ils sont jeunes, ils sont libres, riches et insouciants. C’était en 1971, dans la Villa Nellcôte à Villefranche-sur-Mer, sur la Côte d’Azur, qui appartenait à la famille de Keith Richards. Ils fuyaient le fisc anglais et leur manager vénal.
Un soir d’avril, Dominique Tarlé, jeune photographe d’une vingtaine d’années, leur rend visite pour quelques portraits de famille. Une fois son travail achevé, il s’apprête à rentrer chez lui, lorsque Keith le retient : « Mais enfin, ta chambre est prête ! » Il restera six mois dans ce paradis, et partagera l’intimité des Rolling Stones pendant tout l’enregistrement de leur dixième album, Exile on Main St. Quel souvenir en garde-t-il ? « J’ai vécu une vie normale, avec des gens normaux. »

À l’occasion du concert des Rolling Stones au Stade de France, vendredi 13 juin, la Galerie de l’Instant expose la célèbre série Nellcôte. Aux clichés les plus connus, tellement glamours, elle a ajouté de nombreux inédits réalisés depuis 1966. Son intitulé, « Time is on my side », est emprunté à une chanson de jazz du tromboniste Kai Winding, reprise par les Stones en 1964, l’année où a commencé cette aventure photographique. Dominique Tarlé a choisi lui-même ce titre pour célébrer les cinquante ans de sa relation avec les Stones et pour rappeler que « l’enthousiasme est toujours là ». Pendant la durée de l'exposition il reste présent à la Galerie de l’Instant pour raconter avec gourmandise l’histoire de ses photographies aux visiteurs – après tout, il est le seul à la connaître vraiment. La morale qu'il tire de son histoire ? « On fait ce qu’on veut de sa jeunesse ! »
Dominique Tarlé s’était spécialisé dans les séries photographiques sur les artistes rock britanniques, notamment dans leur intimité. Il a découvert la photographie en même temps que le rock et le blues, à l’époque de Muddy Waters et d’autres génies de la scène. Attiré par les trésors musicaux que recèle l’Angleterre, il s’installe à Londres après ses études de photographie, bien décidé à mitrailler les artistes qu’il admire. Et là, il a découvert un petit monde à la vitalité exceptionnelle, qu’il n’a jamais plus quitté. Pour le plus grand plaisir des fans.
« Time is on my Side », du vendredi 6 juin au mercredi 2 juillet.







