L’eau sacrée des Mayas
Plongée dans le royaume des ténèbres au Yucatan.








L’obscurité de la grotte, vaste comme une cathédrale, est trouée de pinceaux de lumière qui se sont frayé un chemin dans la roche. Les rayons dorés éclairent l’eau turquoise où se reflètent d’extraordinaires formations calcaires, draperies luisantes, stalactites qui défient la pesanteur, bouquets de rochers pop corn…
Ici et là, des racines de ficus ont transpercé la voûte pour atteindre l’eau et pendent en filaments arachnéens. Par endroits, la rivière forme d’immenses piscines d’une eau délicieusement fraîche – entre 20° et 22°, alors que dehors le soleil cogne dur. Nous sommes dans un cenote, une des quelque 10 000 grottes souterraines dont le réseau truffe le sous-sol de la péninsule du Yucatan au Mexique et qui ont été affublés de noms évocateurs, Cenote Azul, Jardin del Eden, Rio Secreto… De pures merveilles, à quelques encablures à peine de la Riviera Maya bétonnée de resorts qui ont défiguré Cancun et ses environs.

Ici, la splendeur est baignée de silence. Et de respect : sources inépuisables d’eau potable, les cenotes représentaient pour les Mayas le lieu sacré du chibalda, le royaume des ténèbres. La croyance reste vivace. Avant d’y pénétrer, on se soumet au rituel de la limpia, une purification pratiquée par un chaman qui fait brûler des racines de copal dans une fumée odorante.
Une fois « décrassés », les plus hardis feront des plongées avec bouteille dans les grottes entièrement inondées. Les autres se contenteront d’une exploration à pied et à la nage, accompagnés d’un guide. Avec une déférence attentionnée pour cet écosystème fragile : interdit de toucher le calcaire, obligation d’utiliser des anti-moustique et crème solaire biodégradables… Il est en revanche tout à fait autorisé – et même recommandé – de se remettre de cette aventure au pays des Dieux d’en-dessous avec un petit verre de xtabentun, liqueur à base de miel et d’anis. Les Mayas lui prêtaient des vertus comparables à celles du viagra…
Crédits photo : Béatrice d'Erceville
Article paru dans le numéro #32 BERCAIL
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